Modernisation de l'usine de traitement d'eau de Nazareth à Nérac
QUIDAM HEBDO
L'usine de traitement de l'eau de Nazareth à Nérac se modernise pour éliminer efficacement les pesticides présents dans la Baïse. Grâce à une technologie de pointe au charbon actif, elle garantit désormais une eau potable 100% conforme aux normes européennes pour plus de 12 000 habitants.
23 septembre 2024
L’usine de traitement d’eau potable de Nazareth, située à Nérac, vient de finaliser des travaux d’envergure pour améliorer la qualité de l’eau distribuée. L’objectif principal ? Répondre aux défis posés par la présence de pesticides, en particulier les métabolites d’herbicides comme l’alachlore et le métolachlore, longtemps utilisés dans les cultures de maïs. Ces substances, bien que progressivement interdites, continuent de persister dans l’environnement, rendant nécessaire l’adoption de solutions modernes pour garantir une eau irréprochable à la population. « Ces molécules sont un vrai risque pour la santé et l’environnement », explique Geneviève Le Lannic, la présidente du syndicat départemental Eau 47.
Des contaminants identifiés de longue date
C’est l’Agence Régionale de Santé (ARS) de Nouvelle-Aquitaine qui, dès 2013, a sonné l’alarme lors de sa campagne de surveillance des eaux souterraines. Ses analyses ont révélé des concentrations en métabolites de pesticides dépassant les normes réglementaires, notamment pour des molécules autrefois ignorées des contrôles sanitaires. Bien que ces niveaux soient restés en deçà des seuils jugés dangereux par l’ANSES pour une consommation prolongée, un problème persistant de pollution par les pesticides a été mis en lumière dès 2018. Face à cette situation, une action corrective s’imposait.
La Baïse, principale source d’approvisionnement en eau pour la région, est en effet toujours contaminée par des résidus d’herbicides interdits, tels que l’atrazine, banni en 2003 mais dont les traces demeurent dans l’environnement du fait de sa persistance. Ces substances, difficiles à éliminer avec les procédés de traitement classiques, nécessitaient la mise en place d’une nouvelle technologie pour garantir une eau totalement conforme aux exigences sanitaires.
Une solution de pointe : le lit fluidisé de charbon actif
Pour remédier à cette situation, l’usine de Nazareth a adopté une technologie innovante : le lit fluidisé à charbon actif en poudre. Ce procédé avant-gardiste permet de capturer les pesticides et autres micropolluants présents dans l’eau, en les adsorbant efficacement avant qu’elle ne soit distribuée aux habitants. Grâce à ce système de filtration avancé, l’usine peut désormais éliminer les substances nocives avec une grande précision, assurant ainsi une eau totalement purifiée.
Ces améliorations techniques garantissent aujourd’hui une eau potable de haute qualité aux 12 000 habitants répartis sur 19 communes, principalement dans l’Albret et une partie du Ténarèze. Chaque jour, les abonnés peuvent avoir une confiance totale dans l’eau qui coule de leur robinet, débarrassée des traces de pesticides et en parfaite conformité avec les normes européennes.
Des travaux de modernisation ambitieux
Ce vaste chantier, d’un coût total de 1 600 000 euros, a été financé en partie par une subvention de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, à hauteur de 324 147 euros. Mené par Eau 47, le projet s’est déployé sur quatre années pour permettre une mise à jour complète des infrastructures et des systèmes de traitement. La modernisation de l’usine ne se limite pas à garantir la conformité actuelle de l’eau : elle anticipe également les futures normes sanitaires et environnementales, qui seront encore plus strictes dans les années à venir.
L’usine de Nazareth dessert trois réservoirs d’eau, situés à Nérac, Saint-Pé-Saint-Simon et Mézin, et l’ensemble de l’installation est désormais entièrement automatisé. Cette automatisation permet une gestion optimisée du traitement de l’eau, renforçant à la fois la sécurité et l’efficacité du service.
Outre la garantie d’une eau potable de qualité, la rénovation de l’usine de Nazareth s’inscrit dans une démarche globale de respect de l’environnement. Les déchets issus du processus de traitement, comme les boues et le charbon actif usé, sont envoyés vers des installations de compostage. Ce traitement des résidus contribue à minimiser l’impact écologique de l’usine et s’inscrit dans une logique de valorisation durable des ressources.
Aujourd’hui, les 6 300 abonnés du réseau peuvent être rassurés : l’eau qu’ils consomment au quotidien est 100% conforme aux standards les plus exigeants. Ces travaux de modernisation ne sont pas seulement une réponse technique à un problème de pollution ponctuel, mais représentent un engagement durable pour la santé des habitants et la protection de l’environnement local.
Marie-Alix HEBRARD